Témoignages
& Critiques

Les Ballets des Champs-Elyssées

Théâtre des Champs-Elyssées

Dans sa préface au livre «17 Visages de la danse française» (Irene Lidova, Paris, 1953) l’académique Philippe Hériat * écrit : « Le Ballet français du XX e siècle n’aura trouvé ses premières dates que dans la guerre. C’est depuis cette dernière guerre qu’on sait qu’il existe. Il se développe sous nos yeux. Et sans doute ne devrait-on pas chercher ailleurs les raisons d’une faveur qui étonne le monde du théâtre : le public va à ce qui s’épanouit.

C’est à présent, moins de dix ans après la fin de la guerre, que les danseurs français ou ceux qu’il convient de nommer ainsi entrent à pleine lumière. On ne leur conteste plus la classe internationale. Elle leur avait échappé jusqu’ici. Chez Diaguilew on trouvait des Russes, des Polonais, des Anglais même, pas de Français. Et l’on peut dire qu’en revanche l’Opéra de Paris, seul centre d’activité chorégraphique en France durant les trente premières années du siècle, fournissait de bonnes danseuses et même des étoiles de premier plan, mais dont le plus grand nombre restaient en deçà de la classe internationale.

Il fallait une nouvelle école et, pour une part, ce fut tout de même l’école de l’Opéra. Mais rénovée par un des héritiers de Diaghilew. Les heureux effets, longtemps sensibles, de l’entrée de Serge Lifar dans le palais Garnier ne sont plus discutables. Il réveilla les méthodes, stimula la jeunesse. Il créa les spectacles de ballets, qui créèrent eux-mêmes dans la maison un besoin de danseurs : la danse retrouvait son rang. Le Foyer de l’Opéra devint un foyer ardent.

Dans le même temps s’ouvraient à Paris des studios de danse comme il n’en avait jamais existé chez nous. Ceux des ballerines ci-devant impériales. New-York eut les siens, et peut-être Londres et Berlin, mais Paris en posséda le plus grand nombre. Une nouvelle atmosphère y réignait et de nouvelles disciplines, une mystique nouvelle pourrait- on dire, et ce fut là que de nouveaux danseurs, de nouvelles danseuses purent se confier à de grands maîtres. Ces professeurs et ces techniciens, avec les années, assurèrent entre eux la relève et la continuité de leur enseignement ; il se poursuit toujours : Irène Lidova, qui les connaît mieux que personne, rappellera dans cet ouvrage leurs beaux noms.

Avant la guerre déjà, un premier contingent d’élèves était sorti des mains de ces éducateurs. Mais ceux-là s’égaillèrent, des compagnies déjà formées les absorbèrent et les entraînèrent, ils se fondirent dans les effectifs du Ballet cosmopolite. Aucun de ces danseurs et de ces danseuses n’était d’ailleurs français même d’adoption. Et lorsque leurs cadets entrèrent à leur suite dans ces studios fertiles et s’y emparèrent de la barre, un renouvellement spécifique se produisit : c’était vraiement le tour des Français.

L’incubation de cette nouvelle génération d’élèves s’opéra, quatre années durante le vase clos de l’Occupation. Les rigueurs physiques et morales de cette période, ses maux et ses malaises, n’empêchaient pas le désir de la danse de chercher à s’assouvir ; peut-être, dans des coeurs si jeunes, ils l’exaltaient. Mais à quel pôle d’attraction se rallier ? Plus de corps de ballet étrangers abordant Paris, plus d’étoiles internationales en représentations ; il y avait bien quelques galas isolés et des « concerts » de danse...Ce fut encore l’Opéra, scène et salle, en dépit de tout, qui offrit un refuge. Là se retrouvaient tous ceux pour qui la danse, au bout d’une perspective d’épreuves, d’attente et d’espoir, brillait comme l’image même d’une vie libérée.

Et tout se libéra. La guerre finie, l’élite de ces garçons et de ces filles composa une dizaine de danseurs prêts, qui n’étaient plus des élèves. Ce sont eux qui en novembre 1944 se produiserent dans les soirées de danse organisées par Irène Lidova au Théâtre Sarah-Bernhardt, et l’inscription de leurs noms au programme : Jean Babilée, Nina Vyroubova, Roland Petit, Renée Jeanmaire, Colette Marchand, coïncidait avec le retour du nom même de Sarah-Bernhardt sur le fronton de la façade. Montées avec des moyens de fortune, dans une salle prêtée, ces représentations méritent une place dans les annales chorégraphiques puisqu’elles furent la première apparition de plusieurs danseurs et danseuses aujourd’hui fameux, puisque c’est de là que sortirent les Ballets des Champs-Elyssées, première troupe française indépendante dans l’histoire de la danse.

L’ouvrage que l’on va lire est consacré à cette géneration de la guerre, qui, soit dit par parenthèse, subirait sans désavantage la comparaison avec la géneration de starlets éclose dans les années quarante sur les scènes de théâtre et dans les studios de prises de vues. En ces danseurs enfants du black-out repose l’espoir de la danse du monde entier. Ils ne sont pas tous Français cent pour cent et leurs noms rendent souvent de sonorités étrangères ; mais, nés de père et de mère français comme Michel Renault ou Jacqueline Moreau, ou de parents émigrés russes comme Wladimir Skouratoff, ou de mère française et de père russe comme Ludmilla Tcherina et Serge Golovine, ou de mère russe et de père français comme Irène Skorik, c’est l’air de l’Ile-de-France qui entra dans leurs poumons dès le premier cri, c’est sur nos horizons et nos monuments que leurs regards s’élargirent, c’est notre asphalte que foulèrent d’abord leurs pieds prédestinés.

C’est d’eux qu’est fait le Ballet de France.»

(*) auteur du livret de "Piège de lumière" (Damase-Taras)


Dessins de Christian Bérard pour "Les Forains", 1945.

La Loïe Fuller

Marie-Françoise Christout, dans son article "Les Ballets des Champs-Elyssées: A legendary adventure" (Dance Chronicle, 2004) écrivit à propos de "Les Forains": "Le livret poétique a été l'inspiration de Kochno: la joyeuse arrivée des artistes ambulants, la préparation de la représentation et la succession des numéros, les petites interventions et le mélancolique départ de la place publique désertée. Il convainquit Sauguet de composer la musique rapidement, et d’apporter aussitôt qu’ils étaient finis les morceaux de la partition à Petit, qui composait fiévreusement la chorégraphie. Avec son sens génial du théâtre, Bérard dénicha des fripes écartés au Marché des Puces, qu’ il transforma en les peignant ou en les brûlant avec sa cigarette."

(...) "Des vieilles toiles, rapidement tendues, suggéraient l'humble cirque, éclairé par Kochno. Personne, parmi ceux qui eurent le privilège d'assister présent à cet événement mémorable, ne pourra jamais l’oublier."

(...) "Dans le programme, Cocteau écrivit "Kochno, qui aida Diaguilew dans son travail, organise aujourd'hui une vrai fête de la jeunesse et de la danse."

Pour l’esquisse du costume de la Loïe Fuller illustrant notre propos, c’est Hélène Sadovska, l’une des créatrices des Forains, qui a servi de modèle à Berard.

C’est opportun de rappeler ici le commentaire du critique anglais John Percival, qui dans son article « Il peut transformer un piètre ballet en success » (Dance and Dancers, 1959) écrivit à propos de la interprétation de Wladimir Skouratoff dans «Les Forains» en 1951 à Londres : «Il y a deux rôles en particulier pour lesquels Skouratoff donna des interprétations d’une force si intense qu’ils restent de manière persistante dans ma mémoire. L’un est le propre rôle de Petit, celui du prestidigitateur dans « Les Forains » et l’autre, celui du bagnard évadé dans « Piège de lumière » de Taras. Dans le ballet de Petit, Skouratoff était vraiement, grâce à son autorité et à son inventivité, le leader de la petite troupe d’artistes ambulants, dès sa première apparition. Bien qu’il suggérât la lassitude d’un homme au début d’une nouvelle représentation d’un soir sans espoir, il restait néanmoins le plus vivant des artistes, inspectant le chapiteau pendant son montage, aidant et encourageant ses collègues. Et, ensuite, pendant la représentation de cirque, de quel charme faisait-il preuve en chef de piste... A chaque instant, grâce à ses propres réactions, il attirait le regard du spectateur, d’abord vers l’artiste en train de faire son numéro, puis vers la tente d’où devait apparaître le suivant. »

« Avec de petits gestes et des expressions passagères, il contrôlait toutes les réactions à ce que les autres danseurs faisaient. Avec son index pressé sur son pouce ou sa main à l’oreille, avec un baiser né de ses doigts ou un regard de connaisseur, il préparait la voie pour les autres ou mettait l’accent sur les moments importants de leurs solos. Il était comme un chef cuisinier, supervisant avec minutie la préparation d’un plat ; il chargeait son rôle d’une infinité de détails, néanmoins, cela restait toujours léger et le ballet prenait feu au contact de son ardeur. »

« Quand le moment fut venu de sa propre contribution au cirque, il dansa avec aisance, bonne humeur et charme. Même les tours de magie étaient exécutés avec plus de dextérité que d’habitude ; il n’avait par exemple pas besoin de mouchoir pour masquer les fleurs qui se matérialisaient dans sa main. »

 
 

Boris Kochno
(photo: Baron - Getty Images)

 

Roland Petit
(photo: Lido)


Boris Kochno, Roland Petit, Nathalie Philippart et Hélène Sadovska
(photo: Lipnitski)

Mme. Christout écrivit à propos du "Rendez-Vous": (...) "Mais la cruauté suggestive du nouveau ballet de Petit "Le Rendez-Vous" fascina le public. Jacques Prevert, qui avait précédemment écrit le scenario du célèbre film Les Enfants du Paradis, écrivit le livret sur la musique de Joseph Kosma. Pour les décors, Prévert, Petit et Mayo, qui devait dessiner les costumes, décidèrent d’utiliser des agrandissements de photos de Brassaï représentant un bar ou les piliers du métro aérien. Le rideau de scène de Picasso créait instantanément une atmosphère dramatique. A un quartier louche de Paris - dont le réalisme poètique fut souvent glorifié par le réalisateur Marcel Carné - un soir un jeune homme tourmenté obtient un sursis du Destin, qui était prêt à ordonner sa mort, sous le prétexte qu'il a un rendez-vous avec " la plus belle femme du monde", se tenant là sur ses hauts talons. A la fin de leur pas de deux, qui choquait par son érotisme provocant, elle lui tranche la gorge avec le rasoir du Destin. (...) Le jour suivant, André Warnod déclara dans Le Figaro "Voilà des ballets qui seraient dignes de représenter l'art français à l'étranger".

Roland Petit, Boris Kochno, Nathalie Philippart, Jean Babilée et Jean Marais
écoutent Jean Cocteau (au milieu)
Photo:Serge Lido

Les Ballets des Champs-Elyssées donnèrent leur première représentation à Londres en avril 1946 au Théâtre Adelphi.

Adelphi Theatre à Londres

Ils firent par la suite de nombreuses tournées au Royaume-Uni, où le 20 septembre 1948 au Prince's Theatre, David Lichine représenta pour la première fois son ballet "La Création ».

Le Prince's Theatre à Londres

Au cours de ces nombreuses tournées  des Ballets des Champs-Elyssées à Londres, Wladimir Skouratoff contribua de manière remarquable, suscitant des éloges et une admiration partagés par le public anglais et les critiques. Comme John Percival, Elsa Brunelleschi, Cyril Beaumont ou Clement Crisp, qui, dans une "Contribution à David Lichine", rend compte du ballet "La Création" comme suit:
      "En 1948, travaillant pour Les Ballets des Champs-Elyssées, il (Lichine) mit en scène La Création, une oeuvre dansée en silence (l'une des premières du genre) dans laquelle  le chorégraphe insuffle la vie aux corps des danseurs. L'oeuvre était intellectuellement stimulante,de même que dramatiquement vivante: le rôle du Chorégraphe était tenu par l’exceptionnel danseur Vladimir Skouratoff, qui utilisait admirablement sa manière d’être noble et poétique. »

 

Skouratoff et Sonia Arova dans La Création

Le 12 novembre 1949, au Théâtre des Champs-Elyssées, Yvette Chauvire et Wladimir Skouratoff dansèrent  pour la première fois le Grand Pas Classique, que Victor Gsovsky avait créé spécialement pour eux.

Mme. Christout écrivait dans son oeuvre précitée: "Victime de sérieuses dissensions internes et  de  difficultés financières croissantes,  à l’époque où les subventions de l'Etat n'existaient pas encore en France et où le sponsoring privé  était rare, la Compagnie donna ses dernières performances au Théâtre des Champs-Elyssées du 13 au 24 Juin 1950, sous le nom Les Artistes Associés de la Danse. De nombreux danseurs de "La Rencontre" et "Les Forains" étaient éclipsés par le retour tant attendu d'Yvette Chauvire. Elle apparut non seulement comme danseuse, mais aussi comme chorégraphe, de la "Suite Romantique", (Chopin), et du pas de deux de "L'Oiseau de Feu" (Stravinsky), qu'elle avait peu de temps auparavant donné au Casino de Vichy. Les critiques  apprécièrent particulièrement  la purété de son style et sa grâce irradiante, aussi bien  que l'élégance de  Wladimir Skouratoff, son partenaire.  Le 16 juin ils apparurent avec Gérard Ohn dans "Nocturne", un nouveau pas de trois de Victor Gsovsky sur une musique de Mozart, dans les costumes du couturier Pierre Balmain.

Puis, le 20 Juin, ils dansèrent "L'Ecuyère", dans la chorégraphie néoclassique de Serge Lifar, sur une  musique de Joseph Kosma, le livret  d’après Franz Kafka, et les costumes de Constantin Nepo, le mari de Chauvire."

Dans "L'Ecuyère"
(photo: Lido)

"Après un long arrêt pendant lequel Kochno se mit à la recherche de nouveaux danseurs et chorégraphes, la Compagnie, devenue très réduite, tourna en Allemagne, du  1er. au  13 Mai 1951, créant à Freiburg im Breisgau,  "L'Impromptu au Bois" du  chorégraphe américaine Ruth Page, réglé sur l'insolent Divertimento de Jacques Ibert, avec les décors et les costumes de Georges Wakhévitch. Ils donnèrent aussi "Aubade" de Serge Lifar, sur un livret d’après le Diane et Actéon d’Ovide,  sur une partition de Francis Poulenc. La Compagnie  dansa ensuite au Festival de Palermo du 15 au  18 Juin et partit pour Londres pour un engagement couronné de succès du 2 au 29 août au Cambridge Theatre."

Teatro Cambridge

"Youli Algaroff était alors nommé maître de ballet, entouré par des vétérans de la Compagnie, comme Danielle Darmance, Hélène Trailine, Deryk Mendel, Igor Fosca et Violette Verdy, qui avait changé de nom et était devenue étoile.  Quelques nouveaux danseurs avaient rejoint la Compagnie, parmi lesquels l'élégante Jacqueline Moreau (qui avait quitté l'Opéra),  Wladimir Skouratoff, la danseuse drammatique britannique Paula Hinton, la bulgaro-britannique Sonia Arova et le virtuoso américain Leon Danielian. Dans ce dernier épisode de sa saga, la Compagnie avait toujours de la classe, mais son esprit était différent à cause de son nouvel  aspect international, si différent de ses débuts franco-parisiens, lors d’une paisible nuit d'été sept ans auparavant."

"Pour ses dernières représentations à Paris, la Compagnie fut accueillie du 3 au  31 octobre au Théâtre de l'Empire, où le Grand Ballet du Marquis de Cuevas, si souvent brillant, a été porté en triomphe. Kochno, toujours rude mais pétri de goût,  avait trouvé un dangereux rival dans le  riche et original "Marquis qui embrasse ».  Ce chant du cygne fut marqué par trois premières parisiennes de chorégraphes britanniques et américains. Deux récents Prix de Rome - le musicien Pierre Petit et l'architecte Guillaume Gillet - collaborèrent à "Romanza Romana" avec Franck Staff, le chorégraphe, qui en fit "quelque chose de banal, mais jolie", selon Olivier Merlin. (Le Monde, 5 octobre 1951). Cela racontait  un voyage turistique conduisant à un idylle romantique avec Danielle Darmance et Wladimir Skouratoff dans le rôle  des jeunes amants et Deryk Mendel dans celui de la tante de la jeune fille. En dépit de  la musique de Minkus, la critique et le public lui préférèrent le  pas de deux de "Don Quichotte" de Petipa, brillamment dansé par Jacqueline Moreau et Skouratoff. "

"Romanza Romana" fut donnée le 3 octobre 1951 avec Wladimir Skouratoff, Danielle Darmance et Deryk Mendel au Théâtre de l'Empire à Paris.

Skouratoff et Jacqueline Moreau
dans Romanza Romana
(photo: Lido)

"Au sujet de la deuxième  nouveauté de la saison, donnée le 8 octobre, Claude Baignères écrivit: "L'élément essentiel de L'Impromptu au Bois est sa musique et le premier mérite de la chorégraphie de Ruth Page est de la suivre."(Le Figaro, 11 octobre 1951). La partition d'Ibert, très proche à la musique d'Emmanuel Chabrier dans sa malicieuse audace, était aidée par la fantaisie de Georges Wakhévitch, qui peignit un  Bois de Boulogne plaisant, peuplé de jeunes midinettes et de cyclistes en knickers..."

"L'Impromptu au Bois" avait été donné le ler.Mai 1951 au Freiburg im Breisgau, avec Wladimir Skouratoff, Danielle Darmance et Deryk Mendel.

Selon Christout, grand contraste avec cette esquisse pleine d’énergie,  "Revanche"  permet à Page de montrer pleinement son sens drammatique, stylisant élégamment l’action complexe  du "Trouvère" de Verdi, sur une partition inspirée de l'opéra par Isaac van Grove (...). Le grand succès vint encore une fois pour Clavé, dont les décors et costumes pour Revanche faisaient contraster audacieusement le noir profonde avec le gris, l’indigo, le pourpre, le vert et un jaune éclatant pour produire une  vision percutante de l'Espagne: la sombre cour du chateau du Compte de Luna – où, tout d’abord, se déroulent les danses de cour,   puis le  duel qui opposent  les deux frères, le bohémien amoureux Manrico et le jealoux Compte de Luna  - est aussi sinistre que l'Escorial, suivi par le  camp des Bohémiens, dans  l’ombre d’une nuit maléfique, une prison lugubre et une grande salle de style gothique surmontée d’une immense fenètre à vitraux dans le style  de Georges Roualt. Les personnages de ce melodramme corégraphique s’affrontaient  en un rythme rapide et brutal. Dans un acces de folie, la vieille bohémienne (Sonia Arova) trouve sa pleine revanche,  provoquant  la mort tragique des amants, le viril Manrico (Wladimir Skouratoff, dont  le critique Olivier Merlin  compara l’élégance  à celle du torero Luis-Miguel Dominguin) et l'exquise Leonora de Jacqueline Moreau."

Revanche fut donnée le 16 octobre 1951 au Théâtre de l'Empire. avec Wladimir Skouratoff, Jacqueline Moreau, Sonia Arova et Gérard Ohn, et fut l'avant-dernière représentation des Ballets des Champs-Elyssées à Paris.    

     

Skouratoff, Arova et Ohn dans "Revanche"
(photo Serge Lido)


 
 

Skouratoff et Moreau dans "Revanche"
(foto: Serge Lido)

 

Boris Kochno et Ruth Page
à une répétition de “Revanche”
(photo: Lipnitsky / R.Viollet - Getty Images)

Après la représentation du ballet "La Damnée" de Walter Gore, le 29 octobre 1951 à Paris,  le rideau final tomba sur cette Compagnie, précurseur dans ce  pays, innovatrice pour le monde.  Et selon les mots de Marie-Françoise Christout en 2004: "Un demi-siècle plus tard, mis à part les partitions, les fascinants  décors et costumes, les photos et les nombreux témoinages écrits, Les Ballets des Champs-Elyssées ne laissent qu’une trace précieuse dans  les mémoires (...)

Jean-louis Barrault, le distingué homme du théâtre qui avait un intérêt particulier pour la danse et la pantomime, encensa  particulièrement Boris Kochno comme étant le producteur parfait : "le seul qui sache comment manoeuvrer au milieu de tant d' obstacles, de tant de chausse-trappes,  le seul, pour faire court,  qui a la capacité  de ne pas s'épuiser." ¿N'est-ce pas à ce magicien russe, l'héritier astucieux et exigeant de Diaghilew,  que nous devons la  révélation d’ artistes et d'oeuvres mémorables, grâce au printemps éphémère  d’une  petite compagnie française qui est devenue si vite une légende ?"

Traduction: Elizabeth van Moere