Témoignages
& Critiques
Les Ballets de Paris de Roland Petit
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Selon un commentaire d’Irène Lidova dans le Dictionnaire du ballet moderne, Paris, 1957, «Après sa rupture avec les Ballets des Champs-Elyssées dont il fut tout ensemble le fondateur et le maître de ballet, Roland Petit entreprit de former une compagnie qu’il dirigerait à sa guise. Il eut la chance de trouver un jeune mécène de 23 ans, le prince Alessandro Ruspoli, grâce auquel les Ballets de Paris purent naître. Ils firent leurs débuts au Théâtre Marigny le 21 juin 1948. Les étoiles en étaient Janine Charrat, Colette Marchand, Renée Jeanmaire, Wladimir Skouratoff, Serge Perrault et Gordon Hamilton. Pour l’ouverture de cette première saison, Margot Fonteyn avait accepté de créer Les Demoiselles de la nuit. Dans le but de corser son programme, Roland Petit avait fait appel à des peintres et des musiciens de renom : André Derain, Léonor Fini, Jean Françaix, Darius Milhaud. Massine vint pour la circonstance remonter son Beau Danube et Janine Charrat se chargea de plusieurs chorégraphies dont La femme et son ombre et Adame Miroir. Le «Tout-Paris» fit un triomphe à la nouvelle compagnie; brillant prélude à d’autres saisons estivales au Théâtre Marigny, au cours desquelles Roland Petit présenta ses meilleures oeuvres: L’oeuf à la coque, la Croqueuse de diamants et Carmen.»
«Pour la fin de la saison londonienne, Roland Petit monta le Pas d’action sur une musique de Wagner, oeuvre particulièrement réussie, et présenta "Le Combat" du chorégraphe américain William Dollar.»
D'après Pierre Michaut (Le Ballet Contemporain, 1950): "C'est à Londres également que William Dollar fut invité à régler pour la compagnie "Le Combat" (Rafaello de Banfield - Marie-Laure <de Noailles> - William Dollar) dont le sujet est emprunté au Tasse: Tancrède affronte Clorinde, méconnaissable sous son armure de chevalier... M.de Banfield est tout ensemble baron dalmate, citoyen de Trieste, comte italien, londonien de penchant et parisien d'adoption. C'est Janine Charrat, troquant son rôle de chorégraphe pour celui d'interprète, qui dansait Clorinde. La danse évoquait un peu les formes aiguës des combats d'insectes."
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Skouratoff et Madeleine Lafon dans Le Combat dans une version postérieure |
Pendant la période 1948-49, à laquelle Skouratoff a dansé avec les Ballets de Paris, il dansa beaucoup de ballets dont nous faisons mention à la section Sa carrière comme danseur classique, tant à Paris qu’à Londres, où la télévision anglaise a produit même un spectacle le 3 janvier 1949 avec «Adame Miroir» (Sauguet-Charrat) dansé par Roland Petit, Serge Perrault et Wladimir Skouratoff; et le Grand Pas de Deux de «Raymonda» (Glazounov-Petipa) avec Renée Jeanmaire et Wladimir Skouratoff.
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Janine Charrat
(photo: S. Lido)
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Michaut dit aussi: "Janine Charrat régla 'Adame Miroir, ballet de Jean Genêt (Darius Milhaud- Paul Delvaux - J.Charrat)* avec seulement trois rôles d'hommes; c'est un ballet psychopathique, qui se joue sur l'inquiétante frontière de la conscience et du délire; c'était aussi une évocation pathétique du destin... Le ballet se dansait dans une galerie de miroirs: le protagoniste se heurtait à ses reflets comme en un rêve insensé. Jean Genêt, poète favori de Jean Cocteau, venait de s'imposer soudain à l'attention du public au delà des cercles d'initiés, et Louis Jouvet avait monté sa pièce Les Bonnes, qui avait été accueillie avec curiosité. Pour habiller ce ballet d'hommes on avait choisi le costume de marin."
* Théâtre Marigny, 31 mai 1948.
"Janine Charrat régla ensuite "La Femme et son ombre", ballet de Paul Claudel (Tchérepnine-A.Vachon-J.Charrat): Paul Claudel, au temps de son ambassade au Japon, avait écrit un petit mimodramme qui avait été monté sur un théâtre de Tokio (1923); transposé en livret de ballet, il contait une histoire de samouraï, assez voilée... mais on peut penser qu'un peu d'obscurité ne messied pas à cet exotisme. Le spectacle toutefois ne paraissait pas avoir atteint sa forme définitive; au dernier moment le décor de Vachon fut écarté et remplacé par des écrans blancs..."
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La femme et son Ombre |
"Que le diable l’emporte", musique de Rosenthal, chorégraphie de Petit, decors et costumes d’André Derain, fut produit au Théâtre Marigny le 22 Mai 1948 avec Skouratoff, Jeanmaire et Gordon Hamilton:
Sur ce ballet, Pierre Michaut écrit aussi dans "Le ballet contemporain": "Que le Diable l'emporte", ballet d'André Derain (Manuel Rosenthal, d'après des airs populaires du XVIIIème siècle - André Derain - R.Petit) laissa un peu l'impression que la réalisation n'épuisait pas toutes les ressources et les suggestions qu'il pouvait offrir. Derain avait donné l'argument, le décor et les costumes de "son" ballet; il avait désigné également les motifs musicaux de l'accompagnement dans un recueil de chansons populaires et de contredanses de la Révolution qu'il avait retrouvé. L'action avait pour cadre une école de danse, vue à une époque un peu indéterminée: un "1880" conventionnel, interprété avec une ombre d'ironie nuancée de tendresse. Les habituels visiteurs de ces lieux plaisants se présentaient: parents, galants, impresarii, maris jaloux...Soudain, du ciel tombe un ballet du Diable. Est-ce un rêve équivoque des ballerines, ou une irruption insolite du fantastique parmi ces enfants?...Ce double univers, réel et féérique est, en vérité l'un des thèmes permanents et favoris du ballet, depuis Giselle et Petrouchka, jusqu'à La Boutique Fantasque qui avait été le début d'André Derain au Ballet de Diaghilew."
Les étoiles de la Danse
Pendant 1948-49, Wladimir Skouratoff, Renée Jeanmaire, Serge Perrault et Colette Marchand se reunirent dans une tournée à travers l'Angleterre et l’Ecosse, pour danser les plus fameux pas de deux de leur repertoire, tels que "La fille mal gardée", "La Péri", "Casse-noisette" et "Raymonda" entre d'autres. La compagnie à quatre se nommait "Les étoiles de la danse".
Traduction: Amalia Contursi
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